Sous béton

GEORGES, Karoline. Sous béton, Québec, Alto, 2011, 187 p.

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Sous béton, c’est l’histoire d’un enfant qui vit avec « la mère » et « le père » dans l’immeuble de Béton Total. Cet immeuble loge toute l’humanité et est constitué de plus de dix-mille étages. L’enfant vit dans espace est très restreint. Son lit prend toute la place de sa chambre. Les habitants de l’immeuble se nourrissent de nutriments et les hommes, comme le père, boivent de l’abrutissant. L’enfant, qui pourtant est né dans l’immeuble, donc qui ne connaît rien d’autre, finit par devenir quelque peu claustrophobe. Il va vouloir s’évader de l’immeuble de Béton Total, même s’il sait qu’à l’extérieur…il n’y a rien. Les seuls survivants sont plutôt des morts-vivants qui s’agglutinent autour de l’immeuble, voulant y entrer. Beaucoup d’habitants sont expulsés sans qu’il n’y ait de raison valable. Tout cela intrigue l’enfant qui ne cesse de poser des réponses sans jamais obtenir de réponses

Le récit prend une forme fragmentaire, parfois même poétique. Certains chapitres sont tout simplement des poèmes en proses, à mon avis. Je ne pourrais dire à quel genre ce roman appartient. Un roman ou de la poésie? Science-fiction, dystopie ou autre chose encore, je ne saurais dire. Pour le moins, il y a un réel soucis pour la poétique et le style de l’écriture.

La narration du roman est faite par l’enfant, mais cela n’est pas enfantin pour autant, du moins à mon point de vue. L’enfant est naïf, innocent, comme un enfant l’est normalement. Cela rend la narration plus crédible, sans que cela soit pénible. Je trouve même que par moment l’écriture est très brute, il n’y a pas de place pour l’euphémisme. J’ai envie de dire…comme un enfant, il ne fait pas preuve d’euphémisme, il dit ce qu’il voit tel qu’il le voit.

Point négatif: certaines passages sont vraiment dégoutants. J’ai plissé les yeux de dégoûts par moment tellement cela m’écoeurait, même si ces scènes ont leur place, car elles explicitent la vie dans l’immeuble et la folie qu’engendre le fait de vivre reclus.

Ainsi, ce n’est pas abusé que de dire que le roman à une portée philosophique. Il pose des questions qui restent sans réponse. « Pourquoi ?» Pourquoi la vie telle qu’elle est dans l’immeuble, mais la vie telle que nous, lecteurs, nous la connaissons. Il y a des questionnements sur l’identité. Comment savoir qui je suis?

Notons que la fin détonne avec le début, car cela devient assez étrange. Sauf que cette fin reste harmonieuse, une suite simplement étrange d’événements qui vient boucler la boucle et répondre à des questions qu’on se pose depuis le début comme « comment se nourrissent-ils? » ou encore « Comment s’est construit l’immeuble? »

Ainsi, Sous béton est un bon livre, plutôt innovateur il me semble. Je n’avais jamais lu quelque chose de similaire auparavant (un récit narré sous forme de poème). L’univers aussi est intéressant. Ça ne plaira pas à tout le monde, c’est évident, mais cela reste un bon livre qui fait réfléchir et qui se lit très bien.

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